| L'ACP et la constitution humaine |

Je voudrais partager quelques éléments de réflexion qui sont en moi, et qui pourraient peut-être constituer les bases d'une réflexion et d'une recherche commune :
Etant engagés dans l'ACP, quelle est notre anthropologie ou quelle idée avons-nous sur la constitution d'un être humain, sa nature, les éléments qui le composent ? Quelles sont les énergies et les forces qui entrent dans la composition de notre nature ? Quels sont les états de conscience que nous traversons ? L'être humain est un composé complexe, l'unité est une conquête difficile.
Qu'est-ce qu'un être humain pour nous ?
Quelle idée avons-nous sur le processus du changement : le changement est-il possible ? Dans quelle mesure ? Le changement est-il souhaitable? Par quels moyens, par quels chemins un être humain est-il amené à changer ?
A quel niveau et de quelle façon l'ACP agit-elle ?
J'avais commencé à évoquer quelques idées sur ces questions dans l'article "Au delà de l'égoÏsme" que j'avais écrit pour la revue de l'Institut, il y a deux ans. Ces questions sont redevenues d'actualité dans ma réflexion en lisant le témoignage d'Yves sur une séance de thérapie (dans cette rubrique), et en y réagissant.
Car Rogers parlait beaucoup de l'"organisme entier" : "l'organisme entier est plus sage que l'intellect seul". Il parlait aussi de sagesse organismique à laquelle nous pouvons faire confiance. Mais qu'est-ce que cet "organisme entier" ? Rogers s'est beaucoup centré sur le registre du "ressenti" (feelings) c'est-à-dire en français, les émmotions, les sentiments, les sensations. A son époque, dans sa culture, c'est le registre qui était surtout négligé ou ignoré. Actuellement encore, l'ACP écoute beaucoup les émotions et les sentiments. L'émotionnel est une composante importante de notre organisme. Et l'écoute thérapeutique facilite l'expression des émotions, leur écoulement et permet, en suivant le chemin de l'émotion, de retrouver l'expérience intérieure authentique qui ouvre la porte au changement.
Nous avons aussi un corps physique qui tient beaucoup de place dans notre vie : comment est-ce que l'ACP écoute-t-elle le corps ? Comment tient-elle compte du fait que nous sommes aussi un corps physique ? Rogers disait qu'il ne savait pas bien faire, que son éducation ne l'avait pas préparé à être proche physiquement, et que ce serait à d'autres d'y travailler...
Nous avons aussi un fonctionnement intellectuel, et bien souvent il est difficile d'en tenir compte, de l'écouter aussi. Cette dimension intellectuelle a plusieurs niveaux : L'Approche Centrée sur la Personne permet de traverser et de dépasser le niveau du "petit vélo" qui radote dans la tête, ou qui "prend la tête" et perturbe le sommeil. C'est le fonctionnement d'une raison trop rationnelle qui est souvent géré par l'angoisse, qui doit laisser tomber un peu de sa rigidité pour laisser la place à l'expérience vécue et à la sagesse de l'organisme entier.
Mais il y a aussi la nature du fonctionnement intellectuel, la manière dont nous réfléchissons et construisons un raisonnement, une réflexion, nos projets, notre vie. La compréhension empathique peut aussi écouter ses aspect d'une personne. Je pense que nous devons écouter et accompagner, non seulement ce qu'une personne expérimente dans ses ressentis, mais aussi ce qu'elle expérimente dans ses fonctionnements intellectuels, sa manière de penser.
Il y a aussi cet autre niveau mental qui s'ouvre à d'autres aspirations, qui recherche une dimension plus vaste que nous-mêmes, qui accueille l'intuition. Comment écoutons-nous ce niveau mental ? Comment accompagnons-nous ces aspirations ? La Considération Positive Inconditionnelle, qui pose et reconnaît l'existence de la Personne en tant qu'Autre, inconditionnellement, est une condition qui compporte pour moi cette dimension d'universalité, dans la mesure où elle reconnaît, inconditionnellement, la dimension d'humanité présente en chaque individu.
Nous pouvons aussi réfléchir à la manière dont nous aidons la circulation fluide entre ces composantes. Comment est-ce que nous aidons les personnes à construire leur cohérence ou congruence globale ? Quelle idée avons-nous de la manière d'accompagner l'accès de nos clients à l'unité de leur être ? Josette
L'organisme entier

Bonjour, Josette, je me réjouis que tu attires l'attention sur l'être humain dans sa globalité. Je vois en moi trois fonctionnements principaux : Intellect, émotion, sensation (corps). C'est plutôt banal de le dire, excuse moi, mais je récapitule pour introduire la suite ! Au début de ma vie j'étais très coincé dans ma tête, et contrôlais strictement mes émotions, elles étaient très intenses et en avais très peur. J'ai appris à les libérer et les gérer dans les groupes de développepent personnel.
Cela faisait donc deux domaines de mon existence où je pouvais "circuler". Mais le corporel est encore un domaine à part. Je l'ai découvert avec le Katsugen. La démarche en Katsugen n'est ni intellectuelle ni émotionnelle. Elle se situe au niveau de la sensation, c'est à dire la perception de tous les messages qu'envoie le corps physique. On dit, je crois, qu'ils sont de nature "kinesthésique".
En Katsugen on développe ce genre de sensibilité. Je me sens plus vivant, et c'est très agréable, de me percevoir physiquement, de l'intérieur, et en permanence, de la tête aux pieds. Si cette conscience "kinesthésique" de moi disparaît, c'est que je suis devenu perdu dans ma tête, je ne suis plus dans l'unité.
J'apprécie cette citation de Rogers : "Rogers disait qu'il ne savait pas bien faire, que son éducation ne l'avait pas préparé à être proche physiquement, et que ce serait à d'autres d'y travailler..." Le Katsugen pourrait être une voie vers cela.
C'est une démarche non pas centrée sur la personne globale, puisque elle fait abstraction de l'intellect et de l'émotion, mais centrée sur le corps, notre constituant physique, en introduisant la notion d'énergie (Ki en japonais).
Elle colle tout à fait à l'ACP en ce qu'on n'y donne pas de directives. On n'y fait pas d'exercices ni de figures, comme en Tai Chi où en Yoga, disciplines qui intègrent aussi l'énergie (Chi en chinois). On laisse le corps libre de ses propres réactions et mouvements, notre volonté tenue en suspens le temps de la séance.
On y retrouve la tendance directionnelle formatrice, qui vient de l'intérieur : avec le temps, on se rend compte que le corps ne bouge pas n'importe comment. Il a sa propre stratégie pour se débloquer de lui-même, améliorer son fonctionnement sur tous les plans. Après une certaine pratique, on constate une meilleure coordination motrice dans nos mouvements de la vie courante, une amélioration spontanée de la posture, plus grande rapidité et précision des réflexes, une perception très fine de nous-même et de nos besoins, la libération de l'intuition, une meilleures réactivité de l'organisme aux agressions diverses (depuis que je pratique ça je ne connais plus le médecin).
Il y a aussi l'aspect relationnel, mais seulement sur le plan de l'énergie et de la sensation. Cela se pratique avec un partenaire, qui envoie de l'énergie par l'expiration par les mains en prenant garde de bien suivre son "receveur", de ne pas interférer avec son mouvement, de ne pas induire de mouvement qui proviendrait de lui, le "donneur".
Il y a donc l'aspect "non-directif", qui est la pierre angulaire de cette pratique. Sans cela, le mouvement qui vient de l'intérieur ne se développe pas. Il est inhibé. Il y a donc aussi l'aspect "potentiel de développement" présent en chacun de nous, qui demande des conditions facilitatrices pour pouvoir s'exprimer.
En Katsugen, les conditions facilitatrices sont le "non-faire", et l'apport de "l'attention-énergie" d'un partenaire, qui respecte totalement ce qui va se passer (ou ne pas se passer) chez vous. On n'est pas loin de la considération positive inconditionnelle.
On pourrait même dire, la perception intime (et de chaque instant) de son corps, de son organisme à laquelle on arrive en katsugen, cela ressemble fort à la congruence. Enfin en Katsugen aussi, l'être humain est vu dans son développement, dans son devenir, et pas comme une personne figée dans un instant T.
C'est pour ça, que m'étant déjà imprégné de toutes ces attitudes, quand j'ai rencontré l'ACP, je me suis dit "Bon sang, mais c'est bien sûr, l'ACP, c'est le Katsugen étendu à toute la personne."
J'avais cru au départ que le Katsugen réglait tous les problèmes. Mais je me suis vite rendu compte que ça ne réglait pas les problèmes émotionnels, et encore moins relationnels. C'est partiel, mais j'en suis persuadé rend plus fluide pour travailler dans les autres domaines de l'être. Une bonne base de départ, quoi.
Sur le plan physiologique, on peut rattacher les trois domaines aux zones suivantes : l'intellect au cortex frontal moderne propre à l'homme, l'émotionnel au cerveau limbique intermédiaire qu'on partage avec les mammifères, la sensation-réflexe au cervelet - moelle épinière, ou cerveau reptilien. C'est seulement à ce dernier (ou premier dans l'évolution) qu'on se situe en Katsugen. Les autres sont court-circuités. Yves
Qu'est ce qu'un être humain ; le symbolique

Bon c'est le texte de Josette que je commente : je ne sais pas encore trop me repérer sur ce blog. J'ai lu avec attention le témoignage d'Yves et le commentaire de Josette nous invitant à une recherche sur ce sujet. J'ai axé ma petite réflexion sur la symbolisation. (ça pourrait être le mot clef.)
La capacité de symbolisation dont l'outil principal est la parole caractérise l'homme, son humanité. La parole est très active en thérapie, mais signalant tout de suite qu'il y a d'autres moyens de symboliser en particulier le jeu chez les enfant. Le dessin ....
Mais revenons à la parole qui en thérapie symbolise l'expérience du client. Lorsqu'il parle le client s'entend symboliser, c'est déjà un premier niveau d'élaboration du vécu, puis il entend le thérapeute re formuler et voilà d'autres mots (incarnés) qui s'ils sont justes élargissent sa symbolisation première. L'expérience ainsi partagée s'intègre, se métabolise disent les psychanalystes. Donc l'expérience intègre l'ensemble de la personne. Elle prend sens dans l'expérience antérieure et elle enrichit la totalité de l'être. Danièle
qu'est ce qu'un être humain pour moi ?
cela me fait penser à une question qu je me posais la semaine dernière pour comprendre les notions d'objet en psycho. car à grande honte, je ne comprends pas toujours les concepts psycho et je suis obligée de les repenser et du coup de les réinventer...
si je prends l'opposé d'un être, j epeux parler aussi d'objet. pour moi un objet c'est un quelque chose quine peut s'animer seul (même un programmateur doit être animé par un "sujet"...donc sujet = contraire d'objet. et pour moi sujet = être vivant. un sujet ou être vivant est animé et il a des intentions, et se sert d'objets pour parvenir à réaliser ses intentions. un être est animé qu'il soit plante, animal ou humain. ensuite qu'est ce qui distingue l'humain des autres êtres animés ? est ce les émotions, l'intellect et les perceptions ? est ce que l'être humain est celui qui a les facultés de faire le lien entre ces trois pôles, qui peut réunir ces parts complexes ? et est ce que dans l'ACP les trois conditions dont tu parlais permettraient à la personne de faire le lien, de les réunir et du coup de renforcer la tendance actualisante qui est présente en chaque être humain. bon, tout ça n'est pas complètement clair pour moi car je crois que jene maîtrise pas (encore à grande honte) tous les concepts de l'acp.
je ne sais pas si je suis très claire...mon dieu vais je être comprise????
Bonjour, Christine, Je me rappelle aussi être resté perplexe devant ce concept d'objet. Ne parle-t-on pas d'objet par rapport au sujet (hypothèse ?) Je suis le sujet, et il est l'objet (de mon amour, de mes craintes, de toutes mes projections, etc...) Une supposition....
Yves
oui ce concept d'objet pour parler de l'autre est tellement curieux. ça me met mal à l'aise et enmême temps c'est tellement plus facile de reprendre ce concept déjà utilisé par autrui, de se glisser dans le moule. c'est froid, sauf si l'objet est un radiateur bien sûr, et je me demande si ce n'est pas là une différence fondamentale entre le psychanalyse et l'acp. à aucun moment dans l'acp on ne considère l'autre comme un objet. et en même temps pour la problématique qui est la mienne ça me fait du bien de parler d'objet car quelque part c'est comme si ça redonnait aux autres leur taille normale. je ne sais pas bien développer cela. en fait cela m'est plus facile de considérer que l'autre dnas ses projections me donne le rôle d'objet, du coup je me sens moins impliquée, il n'est pas question de moi mais de lui..;je n'ai rien à voir avec lui...du coup ça me permet d'être plus proche de lui et de ce qu'il vit. maintenant pour mettre des concpts rogériens là dessus...je crois vraimeent qu'il faut que je relise rogers.
Christine
Objet

Oui, pour moi, la notion d'"objet" dans une relation ou de "relation objectale" signifie simplement une dimension d'extériorité par rapport au sujet. L'Objet est extérieur au Sujet. Si je considère l'autre dans une relation objectale, je le respecte en tant que sujet différent de moi et extérieur à moi.
Je trouve une résonance entre cette notion d'objet en psychanalyse, le concept d'Autre, irréductiblement autre chez Lacan, et la Considération Positive Inconditionnelle. Si je suis dans cette attitude je reconnais l'autre comme différent de moi, extérieur à mon monde et je le respecte ainsi profondément dans son être propre. Je peux donc entrer avec lui dans une relation libre et réciproque.
Mais il y a aussi dans l'ACP, la notion de proximité, d'entrée dans le monde intérieur de l'autre comme si l'on vivait sa vie. Et ce que disait Rogers que "le plus personnel est aussi le plus universel". Cela veut dire pour moi que je retrouve en l'autre ce qu'il y a aussi en moi.
Donc il y a pour moi, une irréductible extériorité de l'autre toujours autre et différent de moi, et en même temps, une profonde intériorité où se rencontrent toutes les qualités et résonances humaines, c'est ce que j'appelle parfois : "la commune humanité". Josette
Objet

Pour poursuivre la réflexion sur la relation objectale, celle qui, en effet comme le souligne Josette, fonde l’extériorité, l’altérité, je vais témoigner un peu plus à propos de l’article de Kalman Yaron sur Martin Buber.
Pour M. Buber « toute vie réelle est rencontre », l’homme est incapable de se réaliser sans communiquer avec l’humanité, la création, le créateur. Et c’est dans la relation Je Tu que l’autre est rencontré », connu, nommé comme être singulier. Comme le souligne Josette je peux alors entrer avec cet autre dans une relation libre et réciproque.
Cette réciprocité implique aussi une responsabilité.
Voici un passage de l’article cité ci dessus, ce sera plus parlant que des commentaires :
Toute vie réelle est rencontre »
Pour Buber, « au commencement est la relation ». Il part du principe que l’être humain est par
essence un homo dialogus, que la personne est incapable de se réaliser sans communier avec
l’humanité, avec la création et avec le Créateur. L’être bubérien peut également se définir comme
un homo religiosus, car l’amour de l’humanité conduit à l’amour de Dieu et réciproquement. La
divine Présence participe à toute rencontre authentique entre les êtres humains et elle habite ceux
qui instaurent un véritable dialogue : « Le céleste et le terrestre sont liés l’un à l’autre. La parole de qui souhaite parler avec l’être humain sans parler avec Dieu ne s’accomplit pas ; mais la parole de qui souhaite parler avec Dieu sans parler avec l’homme se perd ».
Le dialogue repose sur la réciprocité et la responsabilité. La responsabilité existe
uniquement là où il y a réponse réelle à la voix humaine. Les enseignements de Buber sur la réponse à la parole d’autrui se réfèrent toujours explicitement à une réalité qu’il s’agit d’affronter et d’assumer dans la « vie vécue ». Cela est vrai aussi de la « parole de Dieu », qui ne doit pas être conçue uniquement comme une manifestation théologique mais comme une présence réelle à
laquelle il faut répondre. Buber affirme que la Bible témoigne d’un dialogue permanent entre le
Créateur et ses créatures — une rencontre dans laquelle l’homme est un partenaire authentique,
capable de se faire entendre.
Dans son ouvrage célèbre, Je et Tu, Buber souligne l’attitude duelle à l’égard du monde : la
relation Je-Tu et la relation Je-cela. Ni le Je ni le Tu ne vivent séparément, ils n’existent que dans le contexte Je-Tu, qui précède la sphère du Je et la sphère du Tu. De même, ni le Je ni le cela
n’existent séparément, ils existent uniquement dans la sphère du Je-cela. La relation Je-Tu n’est
absolue qu’à l’égard de Dieu — le Tu éternel — et ne peut être pleinement réalisée dans les autres domaines de l’existence, y compris dans les relations humaines qui, bien souvent, sombrent dans la sphère du Je-cela.
Que l’attitude envers le monde relève du Je-Tu ou du Je-cela dépend non pas de la nature
de l’objet, mais du rapport que le sujet établit avec cet objet. L’être humain ne peut être transfiguré et accéder à la vie authentique que s’il entre dans la relation Je-Tu, confirmant ainsi « l’altérité de l’autre ». A la différence de ce qui se passe dans la sphère du Je-cela, la relation Je-Tu exige un engagement total : « La parole première Je-Tu ne peut être dite qu’avec l’être tout entier, alors que la parole première Je-cela ne peut jamais être dite avec l’être tout entier ». Au cœur du dialogue figure la rencontre entre deux êtres souverains dont aucun ne cherche à impressionner l’autre ni à l’utiliser. Selon Buber, l’homme peut vivre sans dialogue mais qui n’a jamais rencontré un Tu n’est pas véritablement un être humain. Cependant, celui qui pénètre dans l’univers du dialogue prend un risque considérable puisque la relation Je-Tu exige une ouverture totale du Je, qui s’expose ainsi à un refus et à un rejet total.
La réalité subjective Je-Tu s’enracine dans le dialogue, tandis que le rapport instrumental
Je-cela s’ancre dans le monologue, qui transforme le monde et l’être humain en objet.
Dans l’ordre du monologue, l’autre est réifié — il est perçu et utilisé — alors que dans
l’ordre du dialogue, il est rencontré, reconnu et nommé comme être singulier. Pour qualifier le
monologue, Buber parle d’Erfahrung (une expérience « superficielle » des attributs extérieurs de
l’autre) ou d’Erlebnis (une expérience intérieure insignifiante), qu’il oppose à Beziehung — la
relation authentique qui intervient entre deux êtres humains.
Buber récuse à la fois l’approche totalement individualiste, où le sujet perçoit l’autre
uniquement par rapport à lui-même, et la perspective collective, qui occulte l’individu et ne voit que la société. Pour lui, une personne ne peut vivre au sens plein du terme que dans la sphère
inter humaine : « Sur la crête étroite où le Je et le Tu se rencontrent, dans la zone intermédiaire ».
L’accès à cette « zone intermédiaire » de Buber ne doit pas être conçu comme une communication banale ni comme une occurrence subjective, mais comme une réalité existentielle — un événement ontique qui se produit réellement entre deux êtres humains.
Bonne lecture
Danièle
Objet
je ressens que le je-cela précède le Je-Tu. et je crois que l'être humain peut psychiquement "mourir" de ne pouvoir accéder au Je, je ressens que le monde peut "mourir" psychiquement de ne pas vivre le Je -Tu. en tous les cas avec mes expériences et mes mots à moi, moi qui commence aprfois à accéder au Je (mais c'est pas toujours facile et ça m'arrive plein de fois de vivre le je -ça) je sens combien c'est vital de me relier au Je Tu, et en même temps ça fait peur. se relier au Je Tu donne du sens, de la joie. il est question du lien entre le Je et le Tu. voilà où j'en suis de mes compréhensions et réflexions
Christine
Objet

En effet lors du développement de la personnalité de l'enfant le je cela précède le je tu. Il s'agit du processus d'individuation, séparation qui inaugure la conscience individuelle. Quand tu dis que l'on peut murrir de ne pouvoir accéder au Je. Je pense à l'enfant psychotique, condamné parcequ'il a été vécu comme un cela par une mère non individuée, elle aussi. Cas extrème, mais chacun d'entre nous affine chaque jour de sa vie, sa singularité, son positionnement dans une relation où l'altérité est vécu avec respect. Pour ma part, si j'aime tant lire Peter Schmid entre autres, c'est parcequ'il me pousse à prendre conscience des relations je cela par lesquelles j'instrumentalise l'autre, alors que je pense être respectueuse de sa liberté. Hé oui rien n'est jamais acquis à l'homme... comme dit Georges Brassens. Il est certain qu'alors c'est la peur qui me pousse à prendre le contrôle dans la relation. Sans la peur, le lâcher prise peut être vécu et la rencontre s'établir. Danièle
JE - TU

Je viens de relire les derniers commentaires et je suis sensible à la profondeur et aux élargissements qu'ils apportent.
Un individu peut mourir psychologiquement de ne pas trouver la dimension du JE, celle de la réalisation de son moi personnel. C'est la phase essentielle de l'individualisation, individuation, expression de la congruence . Dans le travail de la congruence, nous avons accès à la vérité de nous-mêmes : "une parcelle de vérité" et nous relions dans une communication fluide, les différentes parties de nous-mêmes. Le contact précis avec "une parcelle de vérité" a un pouvoir transformateur, la communication fluide à l'intérieur de nous-mêmes nous fait progresser vers la fluidité de la "vie pleine".
La société peut mourir de ne pas accéder au JE-TU. Rogers dit aussi que l'être humain a une dimension profondément sociale et se construit dans la relation. Dans la dimension du JE-TU, chacun accède aux relations dans le respect et la réciprocité. Peut-être que, progressivement, toutes ces relations JE-TU peuvent construire un réseau relationnel, une société où tous existent ensemble. Une société où l'intérêt individuel et l'intérêt commun ne s'opposeraient plus mais seraient dynamiquement complémentaires et se construiraient ensemble...Est-ce une utopie ou une nécessité ? Josette
JE - TU
Oui Josette c'est une nécessité, et notre utopie est pour moi comme un engagement de chaque instant, je dirais même un combat afin de donner une parole qui place l'humain au centre. Car personnellement j'entends souvent des paroles qui réduisent la motivation à la matérialité. Et ça me désole.
Danièle